Si je te dis « contraception », tu me dis ? « Pilule », probablement. Aujourd’hui, la pilule est la méthode contraceptive la plus utilisée en France. Elle est devenue presque incontournable chez les adolescentes et les jeunes femmes. Peut-être que tu la prends, toi aussi ?
Elle est très facilement prescrite, et pas uniquement pour la contraception. On peut avoir tendance à se la procurer sans trop se poser de questions.
Mais que fait la pilule sur le cycle menstruel au juste ? Comment agit-elle sur le corps ? Comment ça marche ? Et quelles sont les conséquences de cette prise hormonale ? Qu’en est-il de ses effets secondaires ? Sont-ils dangereux ?
Je vais essayer de débroussailler tout ça avec toi. Le but est que tu puisses te faire une idée plus précise de ce qu’est la pilule. Ensuite, le choix de la prendre ou non t’appartient.
Comment fonctionne le cycle sans pilule ?
Pour bien comprendre les effets de la pilule, revenons rapidement sur le fonctionnement naturel du cycle menstruel (sans prise hormonale).
Le cycle commence au premier jour des règles. Selon chaque personne, cela peut durer entre 1 et 7 jours, en moyenne. Le taux d’hormones (œstrogènes et progestérone) est alors assez bas.
Ensuite vient la phase préovulatoire. C’est comme le printemps, le corps se remet en mouvement. La production d’œstrogènes augmente.
Puis, l’ovulation arrive. C’est l’été, ça rayonne. Le taux d’œstrogènes est au plus haut. Le corps commence alors à produire de la progestérone. C’est elle qui aidera – entre autres – à épaissir la paroi de l’endomètre afin d’accueillir un éventuel embryon.
Et enfin, place à la période prémenstruelle. S’il n’y a pas eu fécondation, alors le taux d’hormones chute.
Et c’est reparti pour un tour. Les règles arrivent, elles évacuent ce nid douillet (l’endomètre) qui n’a pas accueilli de nouvel arrivant, laissent la place à la phase préovulatoire, et ainsi de suite.
Bien, maintenant, que se passe-t-il si la pilule vient s’en mêler ?
Que fait la pilule sur le cycle menstruel ?
Pour le résumer simplement : la pilule empêche l’ovulation en faisant croire à ton cerveau que tu es déjà enceinte, ou bien que tu as déjà passé l’ovulation.
Comment c’est possible ? Simplement parce que la pilule diffuse des hormones artificielles dans l’organisme. Elles remplacent alors la progestérone et les œstrogènes. Ces hormones artificielles indiquent au corps qu’il n’a plus besoin de produire les siennes.
Le cycle se met à l’arrêt. C’est la pilule qui prend le relais.
Bien sûr, il existe différents types de pilules et de cocktails hormonaux (plus ou moins dosés en œstrogènes et progestérone). Mais elles agissent toutes de la même manière sur le cycle menstruel : elles le stoppent en lui faisant croire que ce n’est pas la peine de préparer la nidation.
Tu me suis jusque là ? Tu te demandes peut-être maintenant si ces changements ont un réel impact ? S’ils sont visibles ou perceptibles ? Spoiler : la réponse est oui !
Quel est l’impact de la pilule sur les règles ?
D’abord, l’impact de la contraception hormonale s’observe facilement sur les règles. Elles sont moins abondantes, voire inexistantes, selon les pilules et/ou les personnes.
Cela s’explique assez simplement :
- les hormones de synthèse mettent l’ovulation à l’arrêt ;
- les follicules s’endorment ;
- il n’y a pas d’ovule libéré ;
- la paroi de l’endomètre ne se développe plus suffisamment ;
- il ne reste donc pas grand-chose à évacuer lors des règles.
D’ailleurs, je dis les règles, mais en réalité ce sont ce qu’on appelle : des saignements de privation (ou hémorragies de privation). Ces saignements sont dus à la chute hormonale provoquée par la pilule tous les 21 jours. Ce ne sont donc pas de vraies règles.
Mais l’impact de la pilule s’observe aussi sur le reste du cycle. Si le joli ballet des œstrogènes et de la progestérone est en veille : tu ne ressens pas toutes les variations hormonales et les fluctuations d’énergie propres au cycle menstruel.
Son fonctionnement naturel est court-circuité. Ça n’est pas sans conséquence.
Quels sont les effets secondaires de la pilule ? Sont-ils dangereux ?
Évidemment, ce n’est plus un scoop pour personne : la pilule a énormément d’effets secondaires. Bien qu’ils soient très souvent niés par le corps médical.
Parmi les plus courants, on retrouve :
- baisse de libido ;
- sécheresse vaginale ;
- migraines ;
- prise de poids ;
- douleur au niveau des seins ;
- acné ;
- etc.
Ces symptômes sont très nombreux ! Ils sont plus ou moins lourds à porter. Plus ou moins dangereux aussi, selon les cas. Mais ils ne sont jamais anodins ou juste « dans ta tête ».
Si tu te rends compte que les effets secondaires ne sont pas confortables pour toi sur cette prise hormonale, n’hésite pas à en changer. Beaucoup de médecins ou gynécologues peinent encore à entendre ces arguments. Alors, n’aie pas peur d’insister et de demander d’autres options.
Tu n’es jamais obligée de subir les effets secondaires. Si on te répond que « ce n’est pas grave », « ça va passer, c’est normal » ou encore que « ça arrive souvent », tu n’es pas obligée d’être OK avec ça. C’est à toi de choisir si oui, ou non, ça te convient.
Si des migraines surviennent dans les premiers temps de la prise d’une nouvelle pilule, parles-en rapidement avec ton prescripteur. ce peut être un signe de problème de circulation du sang dans le cerveau aggravés par l’utilisation de la pilule. ce n’est pas à prendre à la légère.
A long terme d’autres effets secondaires peuvent aussi apparaitre comme certains cancers comme le cancer du foie, de l’utérus ou du col de l’utérus. Mais la pilule réduirait (en contrepartie) le risque de cancer de l’endomètre et de l’ovaire.
Comment choisir sa contraception ?
Je te le disais au début de l’article : les cocktails hormonaux varient d’une pilule à l’autre, ou d’un moyen de contraception à un autre. La pilule n’est pas le seul contraceptif hormonal, il y a aussi :
- le stérilet (ou DIU hormonal) ;
- l’implant sous-cutané ;
- l’anneau vaginal ;
- ou encore les injections contraceptives.
Mais tu as aussi du choix parmi les contraceptifs non hormonaux :
- préservatifs masculins ;
- préservatifs féminins ;
- stérilet au cuivre ;
- méthodes d’observations type Billings, symptothermie (attention, fais-toi accompagner au début pour bien les maîtriser) ;
- contraception masculine thermique (aka le slip chauffant ou l’anneau souple) ;
- la ligature des trompes
- etc.
L’important, c’est de te sentir à l’aise avec ta contraception. Qu’elle soit hormonale ou non. Beaucoup d’options existent. C’est uniquement à toi de faire ton choix.
C’est le thème de notre Sommet Kiffe ton Cycle : Contraception, les clés pour choisir vraiment ! 24 interventions de professionnels de la santé pour parler de tout sans tabou : contraception naturelle, hormonale, définitive, masculine, etc.
J’espère que tu comprends déjà mieux ce que fait la pilule sur le cycle menstruel. Sans dire que c’est bon ou mauvais, je crois qu’il est important d’ouvrir le dialogue et de laisser le choix.
Prendre la pilule a des conséquences, parfois lourdes. Ce n’est pas à prendre à la légère. Alors, la pilule comme moyen de contraception : oui. Mais la pilule comme autre traitement : non.
La seule indication de la pilule est la contraception. Je milite dans les pas d’autres, telles que Sabrina Debusquat, pour la liberté de choisir, d’avoir accès à un large éventail de contraceptions innovantes et performantes, pour que la recherche à ce sujet se poursuive.
Ressources complémentaires :
- Notre article : La contraception est-elle une décision si anodine que ça ?
- Le sommet : choisir vraiment sa contraception
5 réflexions au sujet de “Que fait la Pilule sur le Cycle Menstruel ?”
Bonjour,
Si je puis me permettre, le stérilet au cuivre n’est pas une méthode contraceptive sticto sensu(=qui empêche la rencontre des gamètes et donc la conception). S’il est vrai que le cuivre a un petit effet sur les spermatozoïdes, ma sage-femme m’a confirmé que l’action principale de ce dispositif est bien l’inflammation de l’endomètre provoquée par la présence du stérilet (corps étranger) qui empêche la nidation. La plupart du temps il y a donc bien conception (et donc vie d’un embryon pendant une semaine environ) mais pas nidation de l’embryon. C’est donc plus à mon sens une méthode abortive que contraceptive. Cela peut sembler anodin à certain.e.s mais philosophiquement c’est très différent…
Je sais que cette information circule beaucoup, néanmoins des études ont été réalisées qui montrent que l’état des spermatozoïdes est très amoindri du fait du cuivre. Cet article présente les conclusions et cite ses sources : https://www.caducee.net/DossierSpecialises/reproductive/dispositifs/effets-spermatozoides.asp
bonjour
ma gynécologue mais fais mettre un stérilet hormonale apres ma grossesse en disant on prenait pas de poids résultat 20 kilos en trop dut aux hormones que j’arrive pas a perdre, il faut faire attention a notre contraception
Bonjour! Je me permets de réagir à votre commentaire: “Prendre la pilule a des conséquences, parfois lourdes. Ce n’est pas à prendre à la légère. Alors, la pilule comme moyen de contraception : oui. Mais la pilule comme autre traitement : non.”. Je tiens à préciser que lorsque nous parlons des effets secondaires sous traitement hormonal on pense toujours à des effets négatifs. Cependant, lorsqu’une personne a des règles douloureuses, un cycle irrégulier ou encore des règles très abondantes, le fait de prendre la pilule peut être bénéfique.
L. Saco – spécialiste en santé sexuelle
Il faut bien avouer que le fait d’être dispensée de l’inconfort des règles une fois par mois est un luxe qui n’a pas de prix (en plus d’une protection contraceptive efficace). Bon, en y réfléchissant bien, si, il a bel et bien un prix qui est celui des effets secondaires. Il est toujours difficile de trancher définitivement sur le fait qu’il y ait davantage d’inconvénients que d’avantages ou l’inverse. À chacune de définir son niveau d’acceptation du risque et/ ou de l’inconfort. Un choix personnel donc, mais de préférence en concertation avec un médecin.