Le SOPK — ou syndrome des ovaires polykystiques — est une maladie hormonale qui touche environ 10 % des femmes en âge de procréer. C’est beaucoup. Pourtant, bien qu’il soit fréquent, il reste souvent mal compris et mal diagnostiqué.
Alors si tu es concernée ou penses être concernée, si tu te sens perdue face à tes symptômes, ou si tu te demandes si ce que tu ressens est normal, cet article est là pour t’apporter des réponses claires (et bienveillantes).
On va voir ensemble ce qu’est le SOPK, comment il se manifeste, et quels sont ses symptômes.
Qu’est-ce que le SOPK ?
SOPK est l’acronyme de Syndrome des Ovaires PolyKystiques.
[J’aimerais commencer par un petit aparté, pour préciser que son nom prête à confusion.
→ Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il ne s’agit pas d’une multitude de kystes dans tes ovaires, mais bien de follicules (qui ne sont pas arrivés à maturation).
Le nom correct devrait plutôt être Syndrome des ovaires multifolliculaires.]
Quoi qu’il en soit, ces follicules n’arrivent pas à grossir correctement à cause d’un excès d’androgènes, ces hormones sexuelles dites “masculines”. C’est ce dérèglement hormonal qui empêche tes ovaires de fonctionner comme ils le devraient, provoquant des cycles irréguliers, des difficultés à ovuler, et d’autres symptômes variés qu’on verra juste après.
Mais ne t’inquiète pas, on va décortiquer tout ça ensemble pour que tu comprennes ce qu’il se passe dans ton corps.
Comment fonctionne le cycle avec le SOPK ?
L’ovulation perturbée avec le SOPK
Pour comprendre le SOPK, il faut comprendre comment se déroule le cycle menstruel normalement, et plus particulièrement comment se déroule l’ovulation.
Habituellement, plusieurs follicules se développent dans tes ovaires à chaque cycle. L’un d’entre eux finit par prendre le dessus et devient mature. Il libère alors suffisamment d’œstrogènes, ce qui envoie un signal à ton corps : “c’est bon, on peut ovuler !”
Mais avec le SOPK, ce processus est perturbé.
Les androgènes en excès bloquent la maturation des follicules. Du coup, au lieu d’avoir un follicule dominant qui prend le relais, tu te retrouves avec plusieurs follicules qui essayent de grossir, mais aucun n’y parvient complètement.
Résultat : pas assez d’œstrogènes, une ovulation très retardée, voire pas d’ovulation du tout. C’est ce qu’on appelle un cycle anovulatoire.
Ce blocage entraîne souvent des cycles beaucoup plus longs que la normale, ou même une absence totale de règles (aménorrhée) si l’ovulation ne se déclenche jamais.
Les tentatives ovulatoires
→ Dans certains cas, le corps reçoit suffisamment d’œstrogènes, non pas parce qu’un follicule arrive à maturation, mais plutôt parce que tous les petits follicules, malgré leurs difficultés, grossissent peu à peu et à eux tous, produisent suffisamment d’œstrogènes pour que le corps pense que ça y est, qu’il y a un follicule mature, que c’est le bon moment, et qu’il déclenche le pic de LH (le top départ de l’ovulation).
En gros le corps déclenche un pic pour dire “c’est bon, on peut ovuler”, mais en fait les follicules se regardent tous entre eux et se disent “euh, aucun de nous n’est assez gros pour ovuler donc non, on ne peut pas”.
C’est ce qu’on appelle les tentatives ovulatoires et c’est assez courant avec le SOPK.
Les différentes réactions du corps face au SOPK
Avec tous ces chamboulements dus au syndrome des ovaires polykystiques, ton corps peut réagir de 3 manières différentes :
- Les cycles très longs : ton corps ne lâche pas l’affaire, il continue de tenter de déclencher une ovulation, mais cela peut prendre des semaines, voire des mois. Par exemple, si ton cycle fait 100 jours, ton corps peut attendre jusqu’au 85e jour pour enfin ovuler, et tes règles arriveront environ deux semaines après.
- Les cycles réguliers, mais anovulatoires : parfois, ton corps “renonce” à ovuler et déclenche des saignements malgré l’absence d’ovulation. Tu peux donc avoir l’impression d’avoir un cycle régulier, mais en réalité, il n’y a pas d’ovulation.
- L’aménorrhée : dans certains cas, ton corps n’arrive plus à ovuler du tout, et tu te retrouves avec un cycle complètement bloqué, sans menstruations, parfois pendant des mois, voire des années.
Ces différents types de cycles peuvent s’accompagner d’autres symptômes, c’est ce qu’on va voir.
Les symptômes courants du SOPK
Les symptômes du SOPK sont très variés. Ils peuvent être plus ou moins présents ou impactants chez les femmes.
Voici les plus courants et les plus facilement observables :
- Cycles longs et/ou irréguliers : des cycles qui durent plus de 35 jours ou des règles qui sautent complètement
- Acné : des éruptions cutanées persistantes, surtout sur le visage, le dos et la poitrine
- Hirsutisme : une pousse excessive de poils sur des zones dites masculines, notamment sur le visage, le menton, la poitrine ou le dos
- Perte de cheveux : aussi appelée alopécie
- Fatigue chronique : une fatigue qui ne disparaît pas même avec du repos ou après une bonne nuit de sommeil
- Brouillard mental : des difficultés à se concentrer ou à penser clairement
- Problèmes digestifs : ballonnements ou douleurs abdominales
- Prise de poids : ou difficultés à perdre du poids, notamment à cause de la résistance à l’insuline
- Problèmes de fertilité : difficultés à tomber enceinte (c’est souvent la cause de la première consultation qui mène au diagnostic)
- Anxiété
- Etc.
Si tu te reconnais dans plusieurs de ces symptômes, il est possible que tu aies le SOPK.
Cependant, il est toujours recommandé de consulter un ou une professionnelle de santé pour établir un diagnostic sérieux et précis.
Comment savoir si tu as le SOPK ?
Le diagnostic du SOPK repose sur les critères de Rotterdam, qui permettent de déterminer si tu es concernée par ce syndrome. Pour poser un diagnostic, il faut que tu présentes au moins 2 des 3 critères suivants :
- Un aspect multifolliculaire des ovaires, uniquement visible à l’échographie. Cela signifie que tes ovaires contiennent plusieurs petits follicules qui n’arrivent pas à maturité
- Des cycles irréguliers : des règles qui se font attendre ou qui ne viennent pas du tout
- Une hyperandrogénie : soit biologique (mesurée par une prise de sang), soit clinique, c’est-à-dire visible (hirsutisme, acné, perte de cheveux)
Si tu coches au moins 2 de ces critères, il est probable que tu souffres du SOPK.
Attention cependant, il existe d’autres troubles hormonaux qui peuvent parfois être confondus avec le SOPK, comme l’aménorrhée hypothalamique ou l’hypothyroïdie. C’est pourquoi un suivi médical est essentiel pour un diagnostic correct.
En bref
Ça fait peut-être beaucoup d’informations. Prends le temps de digérer tout ça. Prends un rendez-vous (médecin ou gynécologue) pour t’assurer qu’il s’agit bien du SOPK et prends soin de toi.
Tu n’es pas seule, nous sommes nombreuses à vivre avec cette maladie et plus tu la connaîtras, plus tu apprendras à cohabiter avec elle au quotidien pour soulager tes symptômes.