Illustration article Parler du cycle menstruel aux jeunes filles - Kiffe ton Cycle

Comment Parler du Cycle Menstruel aux Jeunes Filles ?

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Comment parler du cycle menstruel aux jeunes filles ? Comment leur parler des règles ? À quel âge aborder le sujet ? Sous quel angle ? Beaucoup de questions se bousculent et je te comprends. Ce n’est pas évident. D’ailleurs, je dis « parler aux jeunes filles », mais c’est valable pour nos garçons aussi, évidemment. Quand la puberté arrive, le corps est chamboulé, les hormones s’activent, beaucoup de changements apparaissent et notamment, l’arrivée des règles.

Alors, ne faudrait-il pas aborder le sujet suffisamment tôt afin que nos filles se préparent sereinement ? Oui, mais alors comment en parler à de jeunes enfants ? Que faut-il leur dire ? Et puis, le cycle se résume-t-il vraiment aux règles ? Ou bien enveloppe-t-il beaucoup plus de choses ? D’ailleurs, est-ce qu’il dure réellement 28 jours ?

Je vais répondre à toutes ces questions et je vais te donner des clés pour mieux appréhender le dialogue et la transmission de connaissances à ta fille, ton fils, ta nièce, ou tout autre enfant qui te poserait plein de questions.

Parler aux enfants de ce qu’il se passe physiologiquement pendant le cycle menstruel

Quand et comment parler du cycle menstruel aux enfants ?

Concernant la première question : à quel âge pouvons-nous en parler à nos enfants ? Ma réponse est simple : le plus tôt possible. Plus nous parlons du cycle menstruel dès leur plus jeune âge, plus ce sujet sera naturel et ancré dans leur éducation. Le but est de pouvoir en discuter librement à la maison afin de ne pas en faire un tabou.

Alors, comment aborder le sujet ? Il est intéressant de garder à l’esprit qu’un enfant de 5 ou 6 ans a des difficultés à se projeter. Inutile de lui parler de son futur cycle menstruel. À cet âge-là, mieux vaut lui parler de nous, de notre cycle, de ce que l’on vit en tant qu’adulte. Tu peux expliquer à ton enfant que tu traverses des variations tout au long de ton cycle, par exemple. Tu peux lui dire que c’est pour cette raison que parfois tu te sens fatiguée, ou un peu irritable, ou au contraire que tu as une énergie débordante.

Les avantages de parler du cycle de cette manière sont :

  • d’abord de leur transmettre des informations en parlant de nous, sans projeter sur les jeunes filles ;
  • ça leur permet également d’intégrer la notion de cyclicité relativement tôt ;
  • et puis, tout bêtement, cela les aide aussi à mieux nous comprendre, à être moins étonnées de voir leur maman changer d’humeur d’un jour à l’autre.

Comment expliquer la notion de cycle et de variations ?

Tous les cycles fonctionnent de la même manière (qu’ils soient réguliers ou irréguliers). Il y a d’abord une phase d’accélération, qui arrive à son maximum, puis une phase de décélération, qui finit à son niveau le plus bas. Et ça recommence.

Pour aider les enfants à mieux comprendre cette idée de variation dans le cycle, il ne faut pas hésiter à faire des comparaisons avec des choses qu’ils ou elles connaissent dans la nature. Je pense bien sûr aux saisons, par exemple :

  • le printemps représente cette montée en puissance ;
  • l’été est le point culminant ;
  • la décélération commence avec l’arrivée de l’automne ;
  • et enfin, l’hiver est le point le plus bas, la nature se repose avant de renaître.

Le cycle menstruel fonctionne de la même manière, avec ces 4 phases qui se répètent. Et en pratique, ça se passe comment ?

Les aider à comprendre leur corps à l’extérieur

Pour que nos filles comprennent bien ce qu’il se passe dans leur corps durant le cycle, il est important qu’elles connaissent leur appareil génital, au même titre que les garçons. La différence, c’est que pour les garçons, tout est visible à l’extérieur. Ils voient et comprennent vite qu’ils ont une verge, avec un gland au bout et deux testicules. Pour les filles, c’est plus difficile à observer.

Ce que je te conseille, c’est de proposer un miroir à ta fille pour qu’elle puisse se découvrir. C’est quelque chose qu’elle peut faire très jeune sans aucun souci. Nous leur parlons bien de leurs yeux, de leurs oreilles, etc., alors pourquoi pas leur appareil génital.

Grâce à ce petit miroir, ta fille va pouvoir observer son corps et comprendre son anatomie :

  • ce qu’elle voit à l’extérieur, c’est la vulve ;
  • tout en haut de la vulve, il y a le gland du clitoris, caché sous le capuchon ;
  • en dessous il y a l’urètre, c’est là où sort l’urine ;
  • puis l’entrée du vagin ;
  • et après, il y a l’anus, c’est ici que sort le caca (n’ayons pas peur des mots).

Tu peux commencer par lui expliquer tout cela naturellement, puis la laisser explorer par elle-même.

Les aider à comprendre leur corps à l’intérieur

Une fois que les jeunes filles ont compris toutes ces choses, nous pouvons leur parler de bébé et de reproduction. Je crois qu’il est important de ne pas associer systématiquement, et dès le départ, le cycle menstruel à la grossesse.

Mais quand le moment est venu d’en parler, tu peux expliquer à ta fille ce qu’il se passe à l’intérieur de son bassin. Maintenant qu’elle connaît son appareil génital, elle sait où se situent la vulve et le vagin. Tu peux alors lui dire qu’au fond du vagin, il y a l’utérus. C’est un organe qui permet d’accueillir un éventuel bébé (j’insiste sur le mot éventuel, puisque nous ne sommes pas obligées de vouloir des bébés plus tard).

Chaque mois, l’utérus va se tapisser d’une paroi (l’endomètre) pour préparer un nid douillet, au cas où un bébé arriverait. Mais si le bébé n’arrive pas, alors la paroi se détache pour que l’utérus se nettoie et en fabrique une nouvelle, le mois d’après. Quand la paroi se détache, elle s’écoule par le col de l’utérus, puis le vagin, et elle arrive dans la culotte (c’est pour cela que l’on porte des protections périodiques). Ce sont les règles.

Le problème, c’est que nous ne pouvons pas observer l’utérus avec notre petit miroir. Or, je trouve ça très important de pouvoir se représenter concrètement un organe pour mieux le comprendre. C’est pourquoi j’aime beaucoup prendre une poire pour montrer à quoi ressemble l’utérus. Oui, les deux ont une forme et une taille très similaires. Mais tu peux aussi utiliser une maquette, un dessin, etc.

Répondre à leurs questions comme elles viennent

Finalement, pour parler du cycle menstruel avec les jeunes filles et les jeunes garçons, le mieux est de répondre à toutes leurs questions, et ce, le plus tôt possible. Si tu abordes le sujet à travers la curiosité de ton enfant, tu pourras répondre à ses attentes et ses doutes.

Si tout est clair et sans tabou pour l’enfant, il arrivera à se faire une bonne représentation mentale du cycle et sera en mesure de l’appréhender sereinement. Ce sera beaucoup moins anxiogène quand il va commencer à se passer des choses dans son propre corps.

Parler des règles et de l’ovulation pendant le cycle menstruel

Parler des règles aux jeunes filles

Nous avons vu juste avant d’où viennent les règles. Mais pour parler des menstruations aux jeunes filles, nous pouvons aller plus loin et entrer dans les détails, dans le concret. Nous pouvons leur expliquer, par exemple, que le sang des règles n’est pas sale. Même si c’est quelque chose que nous pouvons entendre parfois, ce n’est pas vrai.

Par contre, en effet, il ne ressemble pas tout à fait au sang qui coule quand on se coupe le doigt, par exemple. Pourquoi ? Parce qu’il est enrichi : il est composé de sang, mais aussi de cette paroi qui était dans l’utérus et qui aurait pu nourrir un bébé, en cas de grossesse. Il est donc normal que son aspect soit légèrement différent.

En ce qui concerne la quantité de sang perdu, elle est environ équivalente à une petite tasse à café, sur toute la durée des règles. Maintenant qu’elle sait que son utérus fait (à peu près) la taille d’une poire, cette quantité de sang lui semble plus cohérente.

Et pour la couleur ? Le sang peut avoir différentes teintes de rouge, du rose pâle au marron foncé en passant par le rouge vif, tout cela est normal.

Parler de l’ovulation aux jeunes filles

Nous l’oublions facilement, mais il n’y a pas que les règles qui coulent dans notre culotte. Il y a également ce que l’on appelle communément les pertes blanches. Elles sont constituées de glaire cervicale (je sais, ce n’est pas très joli comme mot) et de sécrétions vaginales.

D’ailleurs, il est important de rappeler à nos filles que le vagin est auto-nettoyant. Il ne faut pas se le laver avec l’eau de la douche ou même des produits. Le savon ne s’utilise que sur la vulve, à l’extérieur. Et encore, pour ma part cela fait des années que je lave ma vulve à l’eau claire, sans savon (et depuis je n’ai plus aucun problème de mycose).

Pour en revenir à la glaire cervicale, que j’aime aussi appeler élixir, elle est un excellent indicateur pour repérer l’ovulation. Tu peux donc expliquer à ta fille qu’avec le temps, elle saura quand elle ovule grâce à cette glaire, et elle pourra même prédire la date de ses règles (ça marche aussi avec un cycle irrégulier, parce que non, tous les cycles ne durent pas forcément 28 jours, loin de là).

Mais surtout, si elle observe des pertes blanches dans sa culotte, pas de panique, tout est normal. C’est vraiment le message que j’ai envie de faire passer ici : plus nous parlons de cycle à nos filles, plus elles savent ce qui se passent, moins elles en ont peur et mieux elles comprennent ce qui est normal ou non.

Parler aux jeunes filles de ce qu’il se passe concrètement pendant le cycle

Maintenant que le décor est planté, nos filles peuvent appréhender plus sereinement leur cycle menstruel. Elles peuvent s’explorer et découvrir leur corps. Quand vient ensuite le moment de la puberté et de leurs premiers cycles, nous pouvons leur parler plus concrètement de ce qu’il se passe.

Préparer les jeunes filles et les ados à leurs premières règles

Plus le moment des règles approche, plus nous devons en parler avec nos jeunes filles, afin qu’elles se sentent à l’aise avec cette nouvelle expérience à venir. Généralement, cela se passe entre 10 et 17 ans.

Pour avoir une idée du moment où cela va arriver pour ta fille, tu peux regarder 2 choses :

  1. l’âge auquel tu as toi-même eu tes premières règles, c’est souvent similaire ;
  2. et l’apparition des premiers signes de puberté chez ta fille (la pousse des poils, les seins qui se développent, les formes du corps qui changent, etc.), bien souvent, les règles arrivent environ 2 ans après.

Quoi qu’il en soit, dans l’idéal, toutes les jeunes filles de 10 ou 11 ans devraient avoir les informations dont elles ont besoin sur le cycle menstruel et son fonctionnement, ainsi qu’un petit kit de protections périodiques qu’elles auront choisi.

Oui, je sais que c’est difficile de voir nos petites filles grandir à 8, 9 ou 10 ans, mais c’est important pour elles, ou même pour aider leurs copines.

Laisser les ados expérimenter leurs premiers cycles

Je pense que tu l’as compris, la communication est la clé pour que les jeunes filles appréhendent le cycle menstruel sereinement. En revanche, je pense qu’il est aussi très important de les laisser explorer et vivre leur propre expérience durant leurs premiers cycles.

Pourquoi ? Pour ne pas formater leur esprit trop jeune et pour qu’elles apprennent à ressentir par elles-même. Nous pouvons tout de même les accompagner en leur offrant (par exemple) un joli carnet, pour qu’elles y notent tout ce qu’elles ressentent, par exemple. Elles peuvent écrire régulièrement et s’amuser à repérer les signes qui reviennent.

Il y a de grandes chances pour que leurs premiers cycles soient irréguliers. Il peut se passer parfois 6 mois entre deux périodes de règles, et ce n’est pas inquiétant. Le corps se met en route, il aura besoin d’environ 2 ans pour se réguler. Il se peut également que les premiers cycles soient anovulatoires (cela veut dire qu’il n’y a pas d’ovulation). C’est normal aussi.

Parler des douleurs liées au cycle avec les jeunes filles

Les douleurs sont un sujet important dans le cycle. Nos jeunes filles se parlent beaucoup entre elles et parfois elles peuvent se transmettre de fausses croyances ou des peurs liées à leur propre environnement. Je crois qu’il est important d’aborder la notion de douleur dès le début de leurs règles.

Parce que non, il n’est pas normal de souffrir.

Et si c’est le cas, c’est peut-être dû à une maladie comme l’endométriose, par exemple. Il faut alors le prendre au sérieux et consulter un ou une médecin. Mais en général, il faut surtout se rappeler que l’utérus est un muscle. Il se contracte pour aider l’endomètre à sortir. Au moment des premières règles, ce muscle n’a encore jamais servi, il est donc tout à fait normal de ressentir de l’inconfort et des sensations de crampes.

C’est exactement comme quand nous essayons un nouveau sport. Qui n’a jamais dit « je ne savais même pas que j’avais un muscle à cet endroit-là ! » Au début, le corps est un peu secoué, il est courbaturé et doit s’adapter. Pour l’utérus, c’est la même chose.

Comment soulager les douleurs des premières règles de nos jeunes filles

S’il y a une réelle souffrance, il faut l’écouter. C’est potentiellement le signe d’une pathologie. Dans ce cas, il ne faut pas hésiter à consulter. Si les douleurs sont « normales » et s’apparentent surtout à de l’inconfort, alors voici quelques conseils :

  • essayer de souffler, plutôt que de contracter, pour favoriser la détente ;
  • boire beaucoup d’eau ;
  • poser du chaud sur le bas du ventre ou du dos, avec une bouillotte par exemple, ou bien du froid, si c’est plus efficace, les deux sont à tester ;
  • se reposer, et j’insiste beaucoup là-dessus ! Donner du temps aux jeunes filles pour qu’elles se reposent est essentiel, elles ont besoin de prendre soin d’elles et se cocooner.

Ça, c’est dans l’immédiat. Sur le long terme, la connaissance de son cycle amène aussi de l’apaisement. Le fait de comprendre son fonctionnement et ses variations permet de ne pas lutter contre.

Je te conseille vivement ces deux articles que j’ai rédigés et qui en parlent très bien :

Comment parler du cycle menstruel aux jeunes filles ? Ce qu’il faut retenir

J’espère que tu y vois maintenant un peu plus clair et que tu te sens plus sereine à l’idée de parler du cycle menstruel avec tes enfants. L’important, selon moi, c’est de rester ouverte pour que nos filles découvrent leur propre cycle avant de leur coller des images.

Nous pouvons leur parler de cyclicité, de variations. Nous pouvons leur dire qu’elles ressentiront peut-être de la tristesse ou de la colère avant les règles. Que leur énergie changera tout au long du cycle. Nous pouvons leur parler de la couleur du sang ou de son odeur. Nous pouvons aussi les encourager à noter tout ce qu’elles vivent, remarquent, expérimentent.

Plus on comprend quelque chose, moins ça fait peur.

Mais il faut aussi savoir qu’à partir de 12 ans, il arrive très souvent que l’enfant ne veuille plus du tout en parler avec ses parents. C’est tout à fait normal, il faut le respecter. Mais n’abandonne pas pour autant. Tourne-toi vers quelqu’un de ton entourage pour prendre le relais.

Et si tu ne connais personne, alors n’hésite pas à découvrir les programmes que j’ai créés spécialement pour cela :

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Tu peux retrouver toutes les interventions sur le thème de la puberté des jeunes filles lors du dernier Sommet Kiffe ton Cycle juste ici.

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