Une tendance séduisante… mais dangereuse ?
Ces dernières années, une nouvelle pratique a émergé et fait de plus en plus parler d’elle : le cycle syncing. Derrière ce terme, un concept simple : adapter son emploi du temps, son alimentation, son activité physique et même sa vie sociale aux différentes phases de son cycle menstruel. L’idée semble séduisante : mieux comprendre son corps, maximiser son énergie aux bons moments, et éviter d’aller à contre-courant de son rythme naturel.
Mais derrière cette promesse de bien-être, une réalité plus nuancée se dessine. En cherchant à optimiser son quotidien en fonction de son cycle, le risque est de tomber dans une nouvelle forme d’injonction, qui pourrait générer plus de charge mentale et de contraintes qu’elle n’en résout. Faut-il vraiment structurer sa vie en fonction de son cycle ? Ou cette approche est-elle une dérive supplémentaire qui enferme les femmes dans une forme d’auto-surveillance perpétuelle ?
Dans cet article, nous allons analyser les limites du cycle syncing, explorer ses implications sur le bien-être féminin et proposer une alternative plus équilibrée.
Qu’est-ce que le cycle syncing ?
Le cycle syncing repose sur l’idée que les fluctuations hormonales, selon les phases du cycle menstruel, influencent l’énergie, l’humeur, la concentration et même les performances physiques et intellectuelles. Il découpe le cycle menstruel en quatre phases principales :
- Phase menstruelle : énergie basse, besoin de repos, réflexion intérieure.
- Phase folliculaire : regain d’énergie, motivation, créativité accrue.
- Phase ovulatoire : communication facilitée, énergie maximale, sociabilité accrue.
- Phase lutéale : fatigue progressive, besoin de recentrage et d’introspection.
Ces fluctuations du cycle, je les présente sous l’angle de la métaphore du surf, et je suis en accord avec. Là où le bât blesse, c’est quand, selon cette logique, il faudrait organiser ses tâches professionnelles, ses interactions sociales et ses activités physiques en fonction de ces phases. Par exemple, programmer des réunions importantes pendant l’ovulation, prévoir du repos pendant la phase menstruelle, ou favoriser des tâches créatives en phase folliculaire.
Car cette organisation théorique soulève plusieurs problèmes de fond.
Les dangers du cycle syncing : une fausse promesse ?
L’idée d’optimiser sa vie autour de son cycle part d’une bonne intention. Mais en pratique, cette planification en fonction du cycle menstruel pose plusieurs problèmes.
1. Une charge mentale supplémentaire
Planifier son emploi du temps en fonction de son cycle implique de toujours être en train de surveiller où l’on en est.
➡️ Une question se pose alors : a-t-on vraiment besoin d’une contrainte de plus ?
Déjà confrontées à de nombreuses attentes (réussite professionnelle, vie familiale, équilibre personnel), les femmes doivent-elles en plus calculer quel est le bon moment pour chaque action de leur vie ? Devoir constamment effectuer un suivi du cycle hormonal pour organiser ses journées ajoute une contrainte de plus à une charge mentale déjà élevée.
2. Une rigidité incompatible avec la vie réelle
La vie n’est pas toujours prévisible. Les rendez-vous importants, les échéances professionnelles ou les obligations familiales ne se calent pas sur notre cycle menstruel. Imaginer pouvoir tout synchroniser est une illusion qui risque d’aboutir à de la frustration.
➡️ Que se passe-t-il si un événement clé tombe pendant une phase « moins optimale » ?
Doit-on renoncer à certaines opportunités sous prétexte que ce n’est pas le bon moment dans le cycle ?
3. Le risque de croyances limitantes
Si l’on commence à croire que l’on est plus performante ou moins compétente selon les phases du cycle, cela peut renforcer des croyances négatives.
➡️ Se conditionner à penser qu’on est inefficace trois semaines sur quatre peut devenir un frein à l’action.
Au lieu de nous donner du pouvoir, le cycle syncing peut en réalité nous auto-limiter.
Une approche plus souple que le cycle syncing
Plutôt que de vouloir tout structurer en fonction du cycle, je propose une approche plus souple et adaptable à la réalité du quotidien. Car oui, il est possible de trouver un équilibre entre santé hormonale et organisation, en adaptant son emploi du temps sans s’y enfermer. Pour cela, il y a une image que j’aime utiliser.
La métaphore des rochers et du sable
- Les rochers, ce sont les engagements fixes et incontournables : réunions importantes, deadlines professionnelles, obligations familiales. Ils doivent être placés en premier dans l’agenda.
- Le sable, ce sont toutes les autres tâches qui peuvent fluctuer selon l’énergie du jour : répondre à des emails, planifier des brainstormings, organiser des tâches administratives.
Cette approche permet de prioriser ce qui ne peut pas être déplacé, tout en s’accordant de la flexibilité pour les tâches plus secondaires, en fonction de son état physique et mental du moment.
➡️ L’idée n’est pas d’optimiser chaque moment, mais d’adapter ce qui est adaptable.
Comment appliquer cette approche ?
1️⃣ Identifier ses rochers : quels sont les éléments non négociables de votre emploi du temps ?
2️⃣ Repérer ses tendances naturelles : quels sont les moments où vous vous sentez généralement plus en forme ?
3️⃣ Être flexible avec le sable : si vous manquez d’énergie, laissez tomber certaines tâches secondaires et reportez-les à un moment plus propice.
Cette approche réduit la pression et permet de vivre son cycle en l’intégrant naturellement à son organisation sans en faire un carcan.
Ma conclusion : reprendre le pouvoir sur son cycle, sans s’enfermer
Le cycle syncing repose sur une idée intéressante : mieux comprendre son corps et respecter son rythme. Mais lorsqu’il devient une règle rigide, il risque de se transformer en contrainte supplémentaire et d’alimenter une charge mentale déjà bien lourde.
Le véritable enjeu est donc de trouver un équilibre entre écoute de soi et flexibilité. Plutôt que de vouloir tout programmer en fonction de son cycle, il est plus bénéfique d’apprendre à repérer ses variations naturelles et s’autoriser à faire preuve d’adaptabilité.
➡️ La clé : apprendre à accepter que l’on ne fait pas les choses de la même manière selon les phases du cycle, mais que, pour autant, on peut toujours bien les faire.
À certains moments, on sera plus solitaire et fonceuse, à d’autres, plus portée sur les relations et l’optimisation. L’important est de garder la certitude que, même si l’énergie et la façon de faire diffèrent, le résultat est toujours optimal. C’est pourquoi il est essentiel d’apprendre à repérer ses forces dans chaque phase du cycle – un travail que nous faisons au sein du programme Kiffe ton Cycle.
💬 Et vous, que pensez-vous du cycle syncing ? L’avez-vous testé ? A-t-il été bénéfique ou contraignant pour vous ? Partagez votre expérience en commentaire !