Octobre Rose revient chaque année nous rappeler l’importance de prendre soin de nos seins. Mais au-delà des campagnes de sensibilisation, connais-tu vraiment le bon moment pour pratiquer l’autopalpation ? Spoiler : ton cycle menstruel a son mot à dire !
Car oui, tes seins peuvent changer au fil de ton cycle. Ils gonflent, se tendent, deviennent plus sensibles, etc., et ces variations peuvent compliquer la détection d’une éventuelle anomalie si tu ne choisis pas le bon timing.
Rassure-toi, j’ai appris très tard qu’il y avait un moment idéal pour s’autopalper les seins. Donc si tu ne le savais pas, ce n’est pas grave. On va voir ensemble comment s’y prendre de manière idéale.
Attention, on va parler d’un sujet important qui peut être difficile. Prends le temps de lire cet article quand c’est le bon moment pour toi.
Pourquoi l’autopalpation des seins est-elle importante ?
Connaître ses seins pour mieux les surveiller
Pour commencer, il faut bien comprendre une chose : chaque poitrine est unique. Ta texture mammaire, la forme de tes seins, leur densité… tout cela t’appartient et personne ne connaît tes seins mieux que toi.
Et j’en profite pour rappeler que tous les seins sont beaux, ça n’est pas vraiment le sujet, mais ça me semble important 🩷.
L’autopalpation consiste donc à connaître ta poitrine et savoir à quoi elle ressemble habituellement, pour pouvoir repérer un éventuel changement qui sort de l’ordinaire. Cette familiarité te permettra de détecter beaucoup plus aisément une potentielle anomalie.
Le but n’est évidemment pas de chercher obsessionnellement quelque chose qui ne va pas. Mais plutôt de te faire de plus en plus confiance dans ce que tu observes et ce que tu ressens.
Les chiffres du cancer du sein
Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes. En France, on estime qu’une femme sur huit développera un cancer du sein au cours de sa vie. Environ 59 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année.
Ces chiffres peuvent faire peur (et ce n’est évidemment pas mon intention), mais voici une information rassurante et importante : détecté tôt, le cancer du sein se soigne bien, avec un taux de survie à 5 ans de plus de 90% pour les cancers détectés à un stade précoce.
C’est précisément là que l’autopalpation prend tout son sens : elle fait partie des outils de détection précoce, aux côtés d’un suivi médical régulier.
L’autopalpation : un geste de prévention (pas de diagnostic)
Précision importante : l’autopalpation n’est pas un outil de diagnostic. Tu ne peux pas te diagnostiquer toi-même un cancer du sein.
Ce que l’autopalpation peut faire :
- te familiariser avec la texture normale de tes seins
- te permettre de repérer un changement inhabituel (grosseur, épaississement, écoulement…)
- t’encourager à consulter rapidement en cas de doute
Ce qu’elle ne remplace pas :
- les examens cliniques par des pros de santé
- la mammographie de dépistage (à partir de 50 ans en France, ou plus tôt selon les facteurs de risque)
- le suivi médical régulier
L’autopalpation est un complément, un allié précieux, mais jamais un substitut au suivi médical.
Cycle menstruel et seins : comprendre les variations
Comment tes hormones modifient tes seins
Si tu as déjà remarqué que tes seins changent au cours du mois, ce n’est pas ton imagination ! Tes hormones (œstrogènes et progestérone) influencent directement le tissu mammaire tout au long de ton cycle.
Pendant la phase folliculaire (du premier jour des règles jusqu’à l’ovulation) : tes seins sont généralement plus souples, moins denses. Les œstrogènes augmentent progressivement mais restent à des niveaux modérés. C’est la période où tes seins sont au repos, en quelque sorte.
Pendant la phase lutéale (de l’ovulation jusqu’aux règles) : la progestérone entre en jeu et prépare ton corps à une éventuelle grossesse. Tes seins peuvent gonfler, devenir plus tendus, parfois même douloureux. C’est particulièrement marqué dans les jours précédant tes règles.
Pendant les règles : les hormones chutent, et tes seins retrouvent progressivement leur état de repos. Le gonflement diminue, la sensibilité s’apaise.
Pourquoi ces variations compliquent l’autopalpation
Tu comprends pourquoi toutes les phases du cycle ne sont pas adaptées à l’autopalpation des seins. Si tu palpes tes seins juste avant tes règles, quand ils sont gonflés et tendus, tu risques :
- de détecter des “fausses alertes” : des zones qui semblent plus denses mais qui sont simplement dues aux fluctuations hormonales
- d’avoir du mal à bien palper : le tissu mammaire est plus dense, ce qui rend la palpation moins efficace
- de te faire peur inutilement avec des sensations qui disparaîtront potentiellement après tes règles
C’est pour toutes ces raisons qu’il existe un moment optimal dans ton cycle pour pratiquer l’autopalpation.
Quand faire l’autopalpation des seins selon ton cycle ?
Le meilleur moment : juste après les règles (J7-J10)
Le timing idéal pour ton autopalpation, c’est environ une semaine après le début de tes règles, soit vers le 7ème-10ème jour de ton cycle. On parle aussi de 3 jours après la fin des règles.
Pourquoi ce moment précis ?
- Tes seins sont au repos, sans gonflement hormonal
- Le tissu mammaire est plus souple et donc plus facile à palper
- Les hormones sont à des niveaux stables, ce qui te donne une référence fiable d’un mois sur l’autre
- Tu peux comparer d’un cycle à l’autre dans les mêmes conditions
C’est comme prendre une photo de référence dans les mêmes conditions d’éclairage chaque fois : tu pourras mieux repérer si quelque chose change.
T’autopalper si tu n’as plus de règles (ménopause, contraception)
Tu n’as pas ou plus de règles ? Pas de problème.
Tu peux :
- Choisir un jour fixe chaque mois (le 1er du mois, par exemple)
- Programmer un rappel sur ton téléphone si besoin
- Ou encore associer ce geste à un autre rituel mensuel
L’essentiel est de créer une routine pour ne pas oublier et examiner tes seins à intervalle régulier, dans les mêmes conditions.
À quelle fréquence faut-il se palper la poitrine ?
Une fois par mois, c’est suffisant. Pas besoin de te palper les seins tous les jours ou toutes les semaines.
L’autopalpation doit rester un geste bienveillant de prévention, pas une source d’anxiété ou d’obsession. Si tu te surprends à vérifier constamment tes seins par inquiétude, il vaut mieux en parler à un ou une professionnelle de santé qui pourra te rassurer et t’accompagner.
Comment s’autopalper les seins ? Le guide pas à pas
Étape 1 : L’observation visuelle
Commence par observer tes seins devant un miroir, dans une pièce bien éclairée.
Position 1 – Bras le long du corps : observe tes seins de face. Regarde leur forme générale, leur symétrie (rappel : une légère asymétrie est totalement normale), l’aspect de la peau, la forme et la position des mamelons.
Position 2 – Bras levés au-dessus de la tête : lève doucement les bras et observe à nouveau. Cette position permet de voir si la peau se déforme différemment d’un côté ou de l’autre.
Ce que tu cherches :
- un changement dans la taille ou la forme d’un sein
- une rétraction ou un plissement de la peau
- un mamelon qui s’est inversé ou qui a changé de position
- une rougeur, une desquamation ou un aspect “peau d’orange” inhabituel
- une différence entre les deux seins par rapport à tes observations habituelles
Étape 2 : La palpation allongée
C’est la position la plus efficace car le tissu mammaire est bien étalé sur ta cage thoracique.
Comment faire :
- allonge-toi sur le dos, éventuellement avec un petit coussin sous l’épaule du côté que tu examines
- place ton bras du côté examiné derrière ta tête (ou le long du corps selon ce qui te semble le plus confortable)
- utilise les trois doigts du milieu de ta main opposée (index, majeur, annulaire) à plat, pas le bout des doigts
- exerce trois niveaux de pression : légère (pour le tissu superficiel), moyenne, puis plus ferme (pour palper en profondeur jusqu’à la cage thoracique) sans te faire mal bien entendu
Les mouvements recommandés :
Tu peux choisir la méthode qui te convient le mieux :
- méthode en cercles : pars du mamelon et fais des cercles de plus en plus grands jusqu’à couvrir tout le sein (ou l’inverse, tu pars de l’extérieur vers le mamelon)
- méthode en lignes verticales : imagine que ton sein est divisé en bandes verticales, palpe de haut en bas puis passe à la bande suivante
- méthode en quartiers : divise mentalement ton sein comme une tarte et examine chaque part
N’oublie pas :
- palpe TOUT le sein, du sternum à l’aisselle, de la clavicule jusqu’en dessous du sein
- examine aussi le creux de l’aisselle (des ganglions lymphatiques s’y trouvent)
- vérifie s’il y a un écoulement en pressant délicatement le mamelon
Étape 3 : La palpation debout (optionnel)
Certaines femmes préfèrent aussi examiner leurs seins debout, notamment sous la douche quand la peau est mouillée et savonneuse (les doigts glissent mieux).
Tu peux utiliser la même technique que pour la palpation allongée. Cette position est un complément utile, mais la palpation allongée reste suffisante.
Ce que tu cherches (et ce qui est normal)
Signes à surveiller et qui méritent une consultation :
- une masse ou une boule qui n’était pas là avant
- un épaississement du tissu mammaire dans une zone spécifique
- un écoulement du mamelon (surtout s’il est spontané, sanglant ou ne concerne qu’un seul sein)
- une rétraction de la peau ou du mamelon
- une modification de la texture de la peau (aspect peau d’orange)
- une rougeur persistante ou une chaleur inhabituelle
Ce qui est normal :
- une texture granuleuse ou “bosselée” (c’est le tissu mammaire normal)
- une différence de taille entre les deux seins
- des zones plus denses que d’autres
- une sensibilité accrue à certains moments du cycle
Le plus important : tu cherches quelque chose de nouveau, de différent par rapport à tes observations habituelles, pas quelque chose d'”anormal” dans l’absolu.
Que faire si tu détectes quelque chose ?
Pas de panique : la plupart des anomalies sont bénignes
Si tu remarques quelque chose d’inhabituel, prends le temps de l’observer et respire. La grande majorité des grosseurs ou anomalies mammaires sont bénignes.
Il peut s’agir de :
- kystes : petites poches remplies de liquide, très fréquents
- fibroadénomes : petites tumeurs bénignes du tissu mammaire, surtout chez les jeunes femmes
- variations fibrokystiques : zones de tissu plus dense, très courantes
- lipomes : amas de tissu graisseux
Mais attention, même si les chances sont grandes que ce soit bénin, il ne faut jamais s’auto-diagnostiquer ni ignorer un changement inhabituel.
Consulter rapidement
N’attends pas ton prochain rendez-vous annuel. Prends rendez-vous rapidement pour faire examiner cette anomalie.
Qui consulter ?
- Médecin traitant
- Gynécologue
- Sage-femme
Ce qui va se passer : le ou la professionnelle de santé va procéder à un examen clinique des seins. Selon ses observations, il ou elle pourra prescrire :
- une échographie mammaire (souvent en première intention, surtout chez les femmes jeunes)
- ou une mammographie
Le plus important est vraiment que tu ne restes pas seule et que tu sois prise en charge. Tu pourras alors recevoir toutes les réponses à tes questions et le traitement nécessaire si besoin.
Prends soin de toi.
Ressources utiles :
- Institut National du Cancer : e-cancer.fr
- Ligne d’écoute Cancer Info Service : 0 805 123 124 (gratuit)



1 réflexion au sujet de « Autopalpation des seins : quand, comment et pourquoi la faire selon son cycle ? »
Merci pour cet article d’une grande clarté. J’apprécie particulièrement le rappel que l’autopalpation est un geste de connaissance de soi et non un diagnostic. Le repère J7–J10 est précieux : il redonne un cadre simple et rassurant. Pour les personnes en périménopause aux cycles irréguliers, j’invite souvent à choisir un même jour fixe chaque mois et à tenir une petite note “seins & cycle” — cela aide à comparer dans des conditions similaires, sans anxiété inutile. Bravo pour cette approche déculpabilisante.